De prestigieux noms sont hospitalisés, résistent, «renaissent», mais décèdent aussi. Ils font la une des tabloïds et les survivants nous remercient du soutien virtuel apporté.
Pendant ce temps-là, Léonie (nom d’emprunt), mère de sept enfants, a vu mourir deux d’entre eux faute d’avoir pu les nourrir correctement. Elle a creusé deux petites tombes, avec les moyens du bord, au fond de sa parcelle et prié pour leurs âmes, se cachant bien de crier haut et fort son désarroi, sa profonde tristesse. Un peu comme nous, lorsque notre animal de compagnie quitte ce monde et se retrouve sous le sapin près de la clôture ! Je vous choque ? C’est le but !!!
À l’aide
Elle avait pourtant demandé de l’aide à son employeur, mais ce dernier, revenu de voyage, était lui-même hospitalisé. Hospitaliser, ce qu’elle n’avait pas pu faire pour ses enfants ; elle se sentait coupable, responsable de leur décès, elle qui sans relâche travaillait pour trois fois rien, que dis-je, dix fois rien plus de 12 heures par jour. Cette fatalité tenaille bien des gens en ce bas monde. Verra-t-elle encore le soleil, elle qui va devoir continuer d’élever seule les cinq autres ? Elle n’a pas d’autres choix. Elle est peut-être aussi contaminée, elle ne le saura que lorsqu’il sera trop tard. Trop tard. Oui, trop tard. C’est ainsi ici. C’est terrible, c’est inhumain.
J’entends les remarques et commentaires de personnalités, de citoyens lambda au nom de la liberté d’expression : pourquoi avoir fait tant d’enfants, oui pourquoi. Et nous voilà repartis dans la rengaine d’une culture occidentale qu’ils veulent imposer ailleurs alors qu’ils ne sont pas foutus de le faire sur leurs propres territoires. Propres territoires parce qu’ils se disent « être chez eux » pensant que la terre leur appartient. C’est révoltant, c’est ignoble, c’est tristement humain.
Soutien
Léonie a reçu le soutien de quelques membres de sa communauté. Elle a cependant refusé qu’on exhume les corps de ses enfants pour les incinérer pour raison sanitaire. Elle n’en a pas les moyens et se refuse, avant tout, d’être éloignée d’eux. L’espoir est mince, fragile. Elle se bat et se battra pourtant, avec ses armes, ses larmes. Que lui reste-t-il ? La prière lui dit-on, réfugie-toi dans la prière. C’est une épreuve que Dieu t’a envoyée pour que tu sois plus forte. Viens prier… et n’oublie pas ton offrande parce que Dieu en besoin… pardon, les « représentants » de Dieu en ont besoin.
Une histoire fictive et réelle à la fois.
À demain en espérant que d’autres Léonie continueront à vivre.
« Il faudrait se lever tous les jours avec un sentiment d’espoir et que la journée se termine avec l’impression d’un progrès », Yehudi Menuhin.