Je lis, j’emmagasine, je réfléchis et j’élabore un avis qui peut être, ou pas, partagé ; c’est aussi cela la liberté d’expression. L’important n’est-il pas l’échange de points de vue ?
Culture, moteur de l’Histoire ?
La culture est-elle le moteur de l’histoire ? Est-ce grâce à elle que nous pouvons comprendre les mouvements de la société ?
Il se dit que c’est la culture qui est le moteur de l’histoire, que celle-ci soit politique, économique ou morale et pour se faire on aime à nous renvoyer à Thucydide pour le politique, à Alexis de Tocqueville pour le social et j’en passe. J’aime à le penser humblement aussi, mais pour différentes raisons qui m’appartiennent.
LA GUERRE
En Occident, les penseurs nous laissent entendre que culture et guerres sont liées. Pourquoi ? Parce que la guerre est une des activités premières de l’homme. Parce que le rapport à la guerre demeure comme l’archétype de notre rapport aux autres et au monde. Aujourd’hui, la guerre n’est plus étatique, mais culturelle dit-on. Le but de cette guerre n’est pas la possession d’un territoire ou le contrôle d’une population, mais l’élimination d’un groupe humain qui n’est pas membre de la civilisation : serait-ce là la définition du génocide ?
Dans la guerre, deux camps apparaissent toujours : les modérés et les radicaux. Les radicaux sont favorables à la continuation de la guerre, car elle est leur raison de vivre pour des raisons bien souvent financières. Les modérés, quant à eux, sont rejetés, traités de « bobos », combattus, « éliminés ».
Pour sortir de ces conflits – comme tout autre d’ailleurs « -, la solution passerait par l’intervention d’un tiers n’étant intéressé par aucun des enjeux, car il est plus à même de pouvoir apporter une solution. Beaucoup pensent de plus en plus que ce rôle ne peut être tenu par l’ONU, car l’organisation est trop liée aux influences des puissances et aux jeux des pouvoirs. Ce peut être un voisin ou un pays de confiance, mais, comme le précise le conditionnel employé, quelles sont les nations, les voisins n’étant pas intéressés par les enjeux de nos jours ?
Dans ce nouveau type de guerre, l’Occident tend à refuser de reconnaître la primauté de la culture dans les relations internationales, vouée qu’elle est à la seule économie comme moteur et en s’interdisant de comprendre le monde dans lequel il vit. Selon le temps et l’époque, l’Occident s’est exporté en se regardant lui-même et en contemplant les autres (romanisation, évangélisation, colonisation).
LA CRISE
Depuis quelques moments déjà, on ne cesse de parler de crise. D’ordre économique d’abord puisqu’il semble que ce soit le seul intérêt majeur, cette crise engendrant le déclin. Cette crise se fonde sur l’idée que d’autres nous rattrapent et nous dépassent et que ces mêmes autres, c’est-à-dire les puissances émergentes, vont prendre notre place et nous reléguer loin derrière. La crise est d’abord une peur de perdre notre première position. Il fut un temps pourtant où l’Europe dominait physiquement le monde en en contrôlant une grande partie de ses territoires, le continent était alors ivre de sa puissance. La décolonisation a été vécue comme un grand traumatisme et certains y ont vu une perte de puissance de la part de l’Occident.
L’idée du déclin est aussi alimentée par le fait que les anciennes colonies rejettent désormais l’occidentalisation. Rejet qui a commencé à partir des années 50. Et ce mouvement de refus de l’Occident est de plus en plus marqué. Le modèle n’attire plus. Pour l’Occident, cela est considéré comme un mal alors que le fait que des peuples reviennent à leur culture est au contraire une bonne chose. C’est la conséquence de la mondialisation qui, loin d’uniformiser les hommes, les différencie, en permettant à chaque culture d’exister. La décolonisation culturelle et intellectuelle que nous connaissons aujourd’hui est un phénomène qui ne fait que commencer… Si l’Occident ne change pas son “fusil” d’épaule, je crains que ce déclin ne cesse de s’étendre…