Le papa, que je suis, écrit…encore et toujours. Des hauts, des bas comme pour chacun d’entre nous. Une histoire parmi d’autres faites de bonheur, de tristesse aussi. Je suis tombé, me suis relevé, tombé encore, mais le bonheur est là où on le cherche…
27 mai 2015
Elle était là toute fragile. J’étais là, bien plus fébrile. Le temps a passé, elle a grandi. De mon côté, j’ai vieilli. Je la connais depuis son plus jeune âge. Je l’ai accompagnée tout au long d’une partie de sa vie. Que de moments partagés dans l’insouciance et la gaieté … J’entends encore ses rires résonner en moi. Ce ne fut pas toujours facile – c’est aussi ça la vie – mais l’on ne garde que les meilleurs moments. Moments qui furent d’ailleurs bien plus nombreux que les « autres », vous savez, ceux qui vous minent. Elle trace son chemin maintenant, comme une grande qu’elle est devenue. Il sera encore semé d’embûches, de trous, mais elle dispose des armes nécessaires pour s’en sortir. On a tout fait pour…enfin presque.
Devenue papillon, je la vois s’éloigner, s’épanouir, devenir femme. Elle est ma fierté, mon cœur, ma foi. Notre « chez nous » est depuis quelque temps désert mais l’important, c’est bien elle. Peut-être qu’un jour elle comprendra car la vie, ce n’est pas toujours juste une question de choix. Quoi qu’il en soit, pardonne-moi pour ce que j’ai fait …ou pas. Fabriquons-nous encore de beaux souvenirs car c’est, un jour, tout ce qui restera.
3 mars 2017
Un an de plus. Comme toutes les années me diras-tu. Une année qui marquera ton ancrage dans le monde du travail découvert l’an passé, une année qui verra ton indépendance s’accroître, une année qui marquera aussi une vie en couple solide et touchante. Le chemin de cette vie, tu l’as tracé seule, forte, parfois têtue – on se demande de qui tu tiens – et elle te conduit sur un bien beau chemin.
Garde le cap, vis tout simplement… Mes pensées sont avec toi là où je vis. D’un autre côté, ce n’est pas plus mal, j’aurais été toujours dans tes « pattes », parce que des papas « poules », ça existe aussi. Je n’ai pas ou plus de craintes à avoir, tu es bien entourée et la tête sur les épaules. Joyeux anniversaire Kinou ou si tu préfères Nyota. Nyota, parce que l’Afrique a aussi une part en toi et que des étoiles, tu m’en mets encore plein les yeux.
3 mars 2019
Il y a 25 ans, tu as été, pour moi, l’éclaircie dans un monde qui sombrait dans une violence qu’en tant qu’être humain je n’aurais jamais pu penser vivre. Le temps s’est écoulé, les souvenirs sont restés, adoucis par le fait de te voir grandir, rire, pleurer parfois. Tu as 25 ans et tu as eu une volée de rêves de petite fille comme tant d’autres. Certains se sont accomplis et tu en as certainement d’autres à réaliser. Il n’y a pas d’âge pour cela, j’en suis une preuve vivante.
25 ans, c’est l’âge pour faire des folies parce qu’on se sent pousser des ailes, parce qu’on a encore et toujours envie d’apprendre, de découvrir, de s’envoler par-delà les possibles soucis. C’est aussi l’âge auquel on se dit qu’il faut dévorer la vie à pleines dents pour ne rien regretter même si un tas de « première fois » encore à découvrir peut parfois désemparer. Que te souhaiter de plus que de rester fidèle à ce que tu es, de partager ton bonheur avec celles et ceux que tu aimes et de poursuivre la quête qui est tienne entourée de l’amour de celui qui partage ta vie. Joyeux anniversaire et mille bisous du Katanga…
27 avril 2020
Mots et larmes, il me fallait l’écrire. Nous t’attendions avec l’impatience qui caractérise les futurs parents. Ta maman se faisait une joie, te parlait tous les jours. Je la voyais radieuse, épanouie. Hélas, tu as décidé de ne pas affronter ce monde que nous aurions aimé partager avec toi. Tu…nous n’avions pas encore choisi de prénom. Le choix, celui que nous n’avons pu faire, celui qui nous laisse sans toi. Le 27 avril, nous ne t’oublierons pas. Notre ange, à jamais, tu resteras…
25 octobre 2020
Tu vas sans doute naître dans une période bien difficile. Du Covid, on te parlera tout comme j’ai parlé à ta sœur, il y a quelques années déjà, d’un génocide au Rwanda. Entre vos deux naissances, le temps s’écoule, des larmes j’ai coulé, des difficultés j’ai rencontré. Mais des joies, j’ai vécu aussi fussent-elles éphémères. Des joies, tu en rencontreras aussi, j’espère qu’elles te porteront. Métissé, tu seras méfiant, être tu devras. Mon nom et celui de ta maman, tu porteras. Surtout, ne nous en veux pas si plus tard, cela implique des aléas. C’est ainsi, c’est comme ça parce que ce monde n’est pas encore prêt pour toi. Le sera-t-il un jour ? J’espère, j’y crois.
Nous t’attendons confiants. Tu auras déjà pas mal voyagé, ta grande sœur te le dira, car elle a vécu des choses semblables dans d’autres États. Pour toi, elle sera là, je n’ai aucun doute sur ça. La médisance te touchera, comme celle vécue par ton papa : c’est ainsi que la vie va. J’espère pouvoir t’épauler comme il se doit lorsque ce moment arrivera. On va te léguer un monde de chaos, j’en suis navré, l’homme est ainsi fait. Ce sera à toi et d’autres d’oser le changer. Je crois en toi, je crois en eux. C’est en tout cas pour cela que je me bats avec perte et fracas. En attendant, profite encore de ces moments, insouciant, dans le cœur de ta maman. Le temps viendra et tu verras.
Nous t’attendons…
26 janvier 2021
C’est une fille ou…un garçon ! Ça diminue…
On dit qu’un papa qui grossit aura une petite fille et qu’un papa qui ne prend pas un gramme aura un petit garçon. Mais on ne dit rien des papas qui perdent du poids pendant la grossesse. Mystère… Perso, j’ai joué au #yoyo… Quid ?
Une femme enceinte qui réclame des gâteaux, qui se jette sur du chocolat ou tout ce qui ressemble de près ou de loin à du sucré a plus de chances d’attendre une fille. En revanche, une maman qui se fait des sandwichs au fromage en plein après-midi ou qui dévore des pizzas entières ressemble davantage à une femme qui attend un garçon. Qu’en est-il du #foufou ???
Bon, je vais arrêter de lire le web et attendre jeudi pour en savoir davantage. PS: les deux dernières échographies donnaient comme résultat 1. une fille 2. un point d’interrogation
28 janvier 2021
Il y a 15 ans, ma grand-mère rejoignait l’amour de sa vie dans leur dernière demeure. Une pensée pour elle en ce jour où nous apprenons que…
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Salut tout l’monde, après mûre réflexion, j’ai décidé de sortir de ma bulle…de confort : je vais donc changer de résidence. Au diable, les interdictions ! Je compte arriver sur la planète Terre en mars 2021, voyage essentiel ou pas. Ne me gâchez déjà pas le tableau, papa et maman s’en chargeront si nécessaire. Je prendrai le prénom d’Amandine, version plus moderne du prénom de mon arrière-grand-mère côté maternel. Si j’avais été un garçon, j’aurais choisi Jacques comme le grand (-père) Jacques qui vit au « plat pays » qui sera aussi le mien. Il se dit que l’accueil chez vous est très chaleureux et qu’une liste de besoins me concernant est parfois déposée dans une boutique et laissée à l’appréciation des proches. Là où je vais atterrir, cela ne se fait pas. À la limite, je vous communiquerai le numéro de compte de papa et maman.
Ah oui, j’oubliais, avec le temps, vous constaterez que je suis métisse, un savant mélange de noire – oui, oui noirE – et blanc et que je compte bien voir la vie en couleurs. Belgo-Congolaise, savant mélange, non ? Maman m’a susurré de faire la même annonce en swahili, mais cela m’est impossible, car je n’ai pas de dictionnaire sous la main. Faute de place dans mon appartement actuel. Vous me pardonnerez cette première erreur de jeunesse. Bon, c’est pas tout ça, j’vais devoir vous laisser, j’ai un déménagement à préparer. À bientôt !
24 mars 2021
Ça y est, suis là ! Cette foutue cigogne a pris du retard, un peu comme les avions de CAA, mais l’important est que je suis bien arrivée sur terre. On vient déjà de me prévenir que je passais d’un confinement à un autre. Ne me faites déjà pas regretter mon arrivée, je n’ai pris qu’un aller simple.
J’ai donc pointé le bout du nez ce au grand bonheur de papa et maman ce 24 mars 2021 à 10h45. ‘Fin c’est ce qu’on dit en pareil cas. J’apprends vite. Papa m’a lu ce qu’il avait écrit il y a quelques semaines, j’avoue ne pas avoir tout saisi mais soit. Il m’a été donné le prénom d’Amandine. Bon, il est vrai que je n’ai pas eu trop le choix. Je valide néanmoins. Heureuse d’être parmi vous du haut de mes 52 cm. Bigre, suis grande ! J’ai hâte de rencontrer ma grande sœur et le reste de la famille. Papy, Mamy de Belgique, suis en pensées avec vous mais il va falloir patienter encore un peu selon un certain FRANK et son journal (d’histoires de voyages non essentiels). Mamy, papy de Lubumbashi, va falloir prendre l’avion, la reine ne se déplace pas encore.
Au fait, grande sœur, papa m’a dit que tu avais aussi beaucoup voyagé à l’aube de ta vie : Rwanda, RDC, Burundi… Ben figure-toi que dans mon cas, ce ne fut pas mal non plus : RDC, Tanzanie, Burundi, Ethiopie… Les voyages forment la jeunesse, c’est ça ? Je te fais de gros bisous. Allez, je vous laisse, vais piquer un somme.
24 mai 2021
Déjà. Le temps passe et les souvenirs surgissent. Megan avait moins de deux mois en 1994 lorsque nous avons dû quitter le Rwanda. Amandine aussi lorsque nous avons quitté Kinshasa. Similitude dans les dates, abîme dans les faits. La vie est parfois bien difficile, mais je reste persuadé qu’elle est belle.
2 filles que des milliers de kilomètres séparent, deux filles qui n’ont pas encore eu l’occasion de se rencontrer. Souhaitons-nous un avenir plus favorable pour que cela puisse se faire sans trop tarder. L’une trace sa route dans le monde des adultes, l’autre n’a pas encore fait ses premiers pas. Elle commence à observer les choses. Il faudra la préparer à un monde que nous ne connaissons pas encore et qui, à la lueur de ce que nous en savons, part quelque peu en couilles. Quel avenir préparons-nous à nos enfants, quel monde allons-nous leur laisser ? Ces questions existent, sont répétées et de solutions, nous n’avons pas encore trouvé. Pas vraiment en tout cas. L’argent gère ce monde, les intérêts économiques priment et ce n’est pas près de s’arrêter quoiqu’on en dise.
Nous protégeons chacun nos enfants à notre manière, nous leur donnons les outils du moment pour affronter le monde de demain. Quelle gageure !
24 mars 2022
Un an déjà, un an déposé çà et là. Amandine Grâce, tu traces déjà ton chemin à petits pas, certes encore hésitants. Ce n’est qu’un début. Papa, maman, tu nous les lances indifféremment depuis maintenant quelques temps. Quant à bayo et merci, ils sont aussi les autres premiers mots que tu tentes de dire : swahili et français se mélange, comme le yin et le yang, cette dualité, devenue une, qui fait la force de tes parents. Mère nature a fait son œuvre, que dis-je chef-d’œuvre. Que de magiques moments de l’instant présent, que d’enchantements à venir assurément. Souriante, curieuse, râleuse aussi (merci papa), tu nous annonces déjà la couleur. Longue vie à toi, petit cœur de beurre.