Parlons d’histoire et de colonisation

Chers amis bidumbu (albinos), comme nous étions appelés.

Vous avez eu l’idée, pour défendre un roi que nous n’avons pas connu, de vous référer à vos livres d’histoire, à ce que vous avez retenu de vos cours d’histoire. Nulle intention ici de parler de déboulonnage, de mouvements d’opposition. Juste vous éclairer sur un pan de ladite histoire belge au Congo. Il ne m’appartient pas d’exhorter aux excuses, bien que cela serait la moindre des choses, mais de donner un avis qui vous permettra peut-être de changer le vôtre si tranché. Ma démarche constitue davantage à un appel à réécrire l’histoire de nos manuels scolaires afin qu’il soit plus transparent, plus « honnête ». Dois-je encore rappeler les mots de Marguerite Yourcenar (chaque pays arrange son histoire, mensongèrement, de façon à flatter son orgueil) afin de mieux faire comprendre la nécessité d’un travail de fond en commun ? Dans cet article, je fais référence régulièrement aux propos de Pol Delfosse, historien.

L’entreprise coloniale : mettons les choses au point

L’entreprise coloniale est condamnable car elle est fondée sur l’idée de l’inégalité des êtres humains, sur l’existence de « races inférieures » et le droit des « races supérieures » à les civiliser. Comme l’écrivait le psychiatre Frantz Fanon dans son célèbre livre Les Damnés de la terre (1961), « le langage du colon, quand il parle du colonisé, est un langage zoologique. On fait allusion aux mouvements de reptation du Jaune, aux émanations de la ville indigène, aux hordes, à la puanteur, au pullulement, au grouillement, aux gesticulations. Le colon, quand il veut bien décrire et trouver le mot juste, se réfère constamment au bestiaire ».

Les premiers blancs

« Le Blanc acheta les défenses et les esclaves. En faisant le commerce, le Blanc ne comprenait pas notre langue. Le prix était indiqué par des lignes sur le sol. Il payait avec des fils de cuivre, des verroteries, et de petites pièces de tissu indigo. Mais nous ne portions pas ces étoffes ».

De 1885 à 1960, le Congo était une colonie. D’abord territoire personnel du roi Léopold II, le Congo devient ensuite propriété de l’État belge. Cette histoire est encore souvent présentée comme une entreprise nuancée, voire positive pour le pays colonisé. La réalité est tout autre.

Les motifs de la colonisation (Pol Delfosse, historien)

L’historien Guy Vanthemsche est formel sur les motifs de la colonisation : « Il ne fait aucun doute que la colonisation belge avait à l’origine pour objectif de générer des profits ». Ainsi, l’administration de l’État colonial avait été mise sur pied essentiellement dans le but de garantir les bénéfices des grandes entreprises. Le ministère belge des Colonies donna la directive suivante à l’administration coloniale : « L’appui le plus large des autorités devra donc être assuré aux entreprises économiques. Les fonctionnaires s’appliqueront, dans toute la mesure du possible, à faciliter l’installation dans leur région des planteurs, des industriels et des commerçants. »

En 1885, toutes les terres disponibles à Léopold II. Les meilleures terres étaient attribuées aux colons. Conséquence de cette politique : la population congolaise se retrouva dépouillée de ses terres, alors que certaines familles y vivaient depuis des siècles.

De nombreux.ses Congolais.es furent contraint.e.s au travail forcé : en 1937, 700 000 étaient soumis.es à un tel système. Par ailleurs, les salaires « normaux » étaient eux aussi dérisoires. En 1924, le vice-gouverneur G. Moulaert estimait le coût annuel d’un ouvrier de l’Union minière à 8000 francs, alors que celui-ci rapportait 50 000 francs par an. Le salaire moyen d’un.e ouvrier.ère congolais.e ne suffisait même pas à acheter le minimum pour se nourrir. Les grandes entreprises n’avaient aucun scrupule. Elles se virent offrir des monopoles sur d’immenses parts de la colonie belge sous forme de concessions. Les entreprises amies, qui reçurent les plus grandes concessions, purent bâtir un immense empire en quelques dizaines d’années, et envoyer leurs profits gigantesques en Belgique. À la veille de l’indépendance du Congo, 75 % de l’économie coloniale était contrôlée par trois puissants groupes financiers : la Société Générale, le groupe Empain et la Banque de Bruxelles.

L’objectif de générer des gains fut dès lors largement atteint. Entre 1896 et 1907, alors que le Congo était la propriété personnelle de Léopold II, la colonie rapporta environ 450 millions d’euros au Domaine de la Couronne. Ces bénéfices ne retournèrent pas au peuple congolais, mais furent investis dans des projets de prestige en Belgique, qui marquent encore le paysage de plusieurs villes belges. Ainsi, les galeries qui trônent sur la digue ostendaise furent directement financées par le caoutchouc congolais. Après 1908, date à laquelle le Congo devint propriété de l’État belge, les profits continuèrent à grandir, en particulier grâce à l’exploitation des mines congolaises. L’Union minière vit le jour en 1906. Ses gains augmentèrent à tel point que pendant les dix dernières années de la colonisation, cette entreprise put distribuer 31 milliards de francs de bénéfices nets sous forme de dividendes. Cette richesse accumulée au cours de cette période représente le socle sur lequel s’est bâtie la fortune des familles belges les plus nanties. Si on étudie la liste des 200 familles les plus riches de Belgique aujourd’hui, on s’aperçoit que parmi les 23 familles qui se trouvent en haut du classement, plus de 11 ont acquis leur fortune au moins en partie grâce à la colonisation. Il s’agit des familles Solvay, Emsens, Boël, Janssen, Bekaert, Lippens, Vandemoortele, Van Thillo, Bertrand, Dieryck et van Baaren. Tandis que certaines personnes prétendent que la colonisation belge était bénéfique tant pour la Belgique que pour le Congo, ces familles, quant à elles, savent pertinemment que tout le bénéfice leur revenait.

Révolte et répression

Les infrastructures servaient principalement à acheminer les richesses pillées vers la Belgique, ou à faciliter le déplacement de soldats.

C’était tout bénéfice pour les grandes entreprises belges, mais évidemment pas pour le peuple congolais qui ne profita pas de cette richesse. Les infrastructures dont on parle souvent ne furent pas mises en place pour permettre un développement durable au Congo. Dans les colonies européennes, les routes furent construites selon une structure qui s’apparente aux nervures d’une feuille d’arbre : les villes et les centres économiques (les plantations, les mines) sont reliés à l’enfilade au port, ou plus tard à l’aéroport, direction la « mère patrie ». Ces « infrastructures fantastiques » servaient principalement à acheminer les richesses pillées vers la Belgique, ou à faciliter le déplacement de soldats si une intervention militaire était nécessaire.

Aux yeux du peuple congolais appauvri, la colonisation était donc loin d’être une situation gagnant-gagnant. Au cours de la période coloniale, des populations se révoltèrent à plusieurs occasions contre l’administration coloniale. La révolte la plus importante éclata en 1941 dans une mine de l’Union minière. Malgré la répression et le meurtre d’un gréviste, le mouvement de grève se répandit rapidement dans d’autres exploitations minières aux alentours.

En fin de compte, le gouverneur de la province du Katanga, Amour Maron, fit rassembler 200 grévistes sur un terrain de football à Lubumbashi, à la demande du directeur général de l’Union minière, G. Mottoulle. Le meneur de la grève, Léonard Mpoyo, voulut s’adresser à Maron pour proposer une négociation, mais le gouverneur préféra donner le signal aux tireurs, qui abattirent les 200 grévistes. Selon les comptes officiels, il y aurait eu 45 victimes ce jour-là, mais ce chiffre doit certainement être revu à la hausse. Le jour suivant, les mineurs retournèrent travailler. C’est ainsi que la plus grande grève de l’histoire de la colonisation belge prit fin.

Néocolonialisme

En 1960, le Congo a obtenu son indépendance, mais le pillage économique du pays n’a pas cessé. C’est ce qu’on appelle le néocolonialisme. Cela signifie que le pillage économique des pays en développement continue, mais sous une nouvelle forme, adaptée à notre époque. Les multinationales jouent aux cowboys dans le Far West. Elles ne paient pour ainsi dire pas d’impôts, elles manipulent les prix des matières premières pour maximiser leurs profits, influencent la politique intérieure, etc. Selon Sally N’dongo, expert du néocolonialisme, le système actuel est même préférable aux yeux des multinationales occidentales : leurs profits peuvent être maintenus, mais la responsabilité de la sécurité, de l’infrastructure, de l’enseignement, qui incombait autrefois au pouvoir colonial, peut maintenant reposer sur l’État « indépendant ».

Racisme et colonialisme : les deux faces d’une même médaille

Le colonialisme, le néocolonialisme et les immenses profits qu’ils génèrent avaient besoin d’être légitimés. La colonisation était souvent décrite comme quelque chose de positif pour la colonie, encore aujourd’hui. Cependant, cette justification ne suffisait pas. Le racisme fut également employé dans ce but.

La colonisation rentrait dans le cadre de la mission civilisatrice aux yeux des Européens, une mission qui s’appuyait sur une idéologie raciste. En 1947, le secrétaire général du Congo belge rédigea la préface d’un ouvrage sur « l’Élite Noire », « l’évolué ». Il y établit une hiérarchie claire : « Si l’élite noire doit être consciente de sa supériorité à l’égard des indigènes semi-sauvages, elle doit aussi clairement connaître ses devoirs envers le Pouvoir Absolu ». Ce genre de racisme décomplexé était sur la défensive après la Seconde Guerre mondiale et la victoire sur le fascisme. Cependant il progresse de nouveau depuis la crise des années 1970, et les forces qui répandent ouvertement le racisme dans la société grandissent. Dans ce nouveau contexte, le colonialisme peut à nouveau être défendu ostensiblement et le racisme est de bon ton.

Le racisme sert à légitimer les profits des plus riches. Tant qu’un discours culturalisant cachera le néocolonialisme, les familles Solvay, Van Thillo et Lippens resteront hors d’atteinte. The inconvenient truth, la vérité qui dérange dans l’histoire du Congo, c’est que derrière la répression brutale, les mains coupées, le racisme, l’oppression et l’exploitation économique, se cachent des intérêts financiers.

L’actualité de l’histoire coloniale

La fortune des Belges les plus riches aujourd’hui s’est construite en grande partie grâce à l’exploitation des Congolais.ses, c’est là une vérité que l’establishment ne veut pas reconnaître. Nous ne pouvons comprendre le racisme et lutter contre celui-ci que si nous en prenons conscience. À l’heure actuelle, enseigner l’histoire coloniale à l’école n’est toujours pas obligatoire en Belgique. Il faut mettre à jour les programmes scolaires et il faut que nous confrontions sérieusement notre passé colonial. Et si on enseigne la colonisation, il faut alors mettre l’accent sur la course aux profits qui se cache derrière celle-ci. Expliquer aux jeunes ce qu’est la colonisation ne mettra pas un terme au racisme ni à l’exploitation structurelle des pays du Sud. Il s’agit cependant d’une première étape nécessaire, qui permet d’analyser le problème de fond : un système économique qui est basé sur le profit et l’exploitation. (Pol Delfosse, historien)

Les Belges ont construit…

Oui, ou plutôt les Belges ont fait construire, question de sémantique, des écoles, des hôpitaux, des routes, mais avec la main-d’œuvre congolaise exploitée et pour, dans un premier temps, leur propre confort. Ce n’est, par exemple, qu’en 1950 que les écoles secondaires, jusqu’alors réservées pour les étudiants européens, furent ouvertes à tous. (Fabrice Salembier)

Que dire du système mis en place dans la ville de Lubumbashi lors de la colonisation ?

Le modèle binaire de la société coloniale transparaissait très fortement dans la législation sur la migration, en limitant l’accès à la ville aux « Blancs de second rang »* (Portugais, Grecs, Juifs…). **La législation foncière interdisait quant à elle l’accès à la propriété privée à toute la population africaine. Cependant, tandis que la littérature existante sur la ville a souligné son organisation spatiale binaire, nous avons pu démontrer que les autorités coloniales désiraient créer non seulement des quartiers bien définis pour Européens et Africains, mais aussi pour les « Blancs de second rang ». La stratification qui plaçait les Belges en haut de l’échelle sociale et ces « Blancs de seconde zone » dans le bas de la même échelle, se traduisait ainsi dans l’espace urbain. Cependant, nous avons pu montrer que le modèle que cherchaient à réaliser les autorités coloniales, avec un centre-ville belge et des zones tampon destinées aux « gens de couleur » au-delà des limites du quartier européen, n’a jamais pu vraiment être implémenté.

*Le terme « Blancs de second rang » ou « gens de couleur » était généralement utilisé pour indiquer les détaillants italiens, grecs et portugais qui entretenaient des contacts commerciaux avec les deux communautés africaine et européenne, mais visaient particulièrement une clientèle africaine. Cf. Lwamba Bilonda, Histoire de l’onomastique d’avenues et de places publiques de la ville de Lubumbashi (de 1910 à nos jours), Lubumbashi : Presses universitaires de Lubumbashi, 2001, p. 28.

**Contrairement au reste du Congo belge, où les autorités ne visaient pas de « colonisation de peuplement », l’administration du Katanga essaya d’implanter une population urbaine belge stable pour contrer le grand nombre de migrants non-belges arrivant d’Afrique australe via le chemin de fer. Parallèlement, les flux migratoires furent strictement contrôlés par le Service de migration en appliquant une sélection socio-économique et raciale. Cf. Bruxelles (Belgique), ministère des Affaires étrangères, Archives africaines, GG . 20.434, Police territoriale Élisabethville immigration et immatriculation ; GG. 13.733, État-civil Élisabethville Service Population Blanche immigration ; GG. 17.299 Police Élisabethville expulsions 1930/34 immigration et immatriculation 1934/45.

Que dire des zoos d’exhibition ?

Ils ont fait le tour de l’Europe…

La dernière exhibition de noir·e·s en Europe dans un village colonial eut lieu à l’exposition universelle de Bruxelles en 1958. «L’attraction», qui suscita de nombreuses critiques et dut fermer ses portes avant la fin de l’exposition, a été sans aucun doute un des éléments déclencheurs de l’indépendance du Congo deux ans plus tard. A Yvoir, en 2002, une exhibition de Pygmées bakas camerounais dans un domaine où sont exposés des animaux, fit scandale (La Libre Belgique du 6 août 2002).

Nos livres d’histoire (Pol Delfosse, historien)

«Le nègre, l’un des trois types primordiaux de l’espèce humaine (avec le blanc et le jaune), se distingue par ses formes robustes, ses cheveux laineux, ses lèvres épaisses, son teint noir… Moins intelligent et moins actif que les autres races, le nègre est resté généralement sauvage, ignorant, superstitieux, adorateur de fétiches; il se laisse dominer par des chefs absolus et féroces, qui le traitent comme une bête de somme, le sacrifient à leurs plaisirs, ou le vendent à vil prix (1880)». (M.G. ALEXIS (Abbé), Cours supérieur de géographie, 2 éd., Liège, Dessain 1880, p. 212)

Cette description du «nègre» a été reprise dans des formes différentes par des auteurs plus récents. En 1948: «La race noire a la peau brun-chocolat, la mâchoire inférieure saillante, les lèvres épaisses, le nez large et aplati et les cheveux noirs et crépus. Les noirs ont une civilisation arriérée ». (La Procure, Le monde moins l’Europe, Namur 1948, p. 19 (ouvrage destiné à l’enseignement primaire)

Cependant des auteurs de manuels ne mettent pas tous les noirs dans le même sac. Ils distinguent des groupes: «Il ne faut pas croire que tous les nègres se ressemblent. Il y a autant de différences entre eux qu’entre les différents peuples blancs. Un des types supérieurs: le Soudanais face prognathe, crâne assez développé, poitrine large et membres solides. Le Soudanais est capable de comprendre et d’exécuter les bonnes méthodes agricoles. Au contraire d’autres nègres comme les Bantous de l’Afrique équatoriale, les Bushmen, les Cafres et les Hottentots de l’Afrique du Sud représentent des races inférieures. Certains vivent de la chasse et ignorent presque complètement la culture ». (J. CHOT, Le monde moins l’Europe, 1924, p. 98)

Cette vision sera celle enseignée après le second conflit mondial dans certaines classes primaires. «Les Soudanais ont le crâne moins allongé, le front plus droit, le nez moins épaté, les mâchoires moins proéminentes et leur teint chocolat est plus clair. Leur organisation politique est meilleure. Ils possèdent de grandes aptitudes industrielles et commerciales. Les Soudanais ont une réelle supériorité physique et intellectuelle sur les autres populations congolaises (1958)». (La Procure, La Belgique et le Congo belge, Namur 1958, p. 92)

Pour les auteurs de manuels, les Pygmées – Mbuti est le nom que se donnent les Pygmées – sont au bas de l’échelle. «Les pygmées ne sont pas des nègres. Ce sont des nains à la peau noire… Ils sont fort arriérés, et n’apportent aucune aide aux blancs (1937)». (P. FESTRE et alii, La géographie à l’école primaire, Jemappe 1937, pp. 108)

En 1959, à un an de l’indépendance du Congo, F. Camerlinckx (Le monde moins l’Europe, Jemappe, 1959, p. 36.) tient des propos nettement racistes: «Les Hottentots et les Boshimans, races dégénérées… ainsi que les Pygmées du Congo ont été refoulés par les nègres bantous. Ils pratiquent un fétichisme très arriéré… dans leur épaisse forêt. Là, ils mènent une vie errante de chasseurs. Ils sont farouches et souvent craints par les blancs et les noirs. Ils manient avec grande habilité l’arc et les flèches empoisonnées». Les stéréotypes à propos des Pygmées ont longtemps survécu: «Dans les régions les plus insalubres de la forêt vivent quelque 150.000 pygmées en voie de disparition» (P. HANCISSE, Douze milliards d’hommes, Namur, La Procure, 1979, p. 177).

J. Tilmont affirme pendant près de 40 ans que les Pygmées ont des membres disproportionnés ce qui est une contre vérité destinée à les rapprocher des singes. (TILMONT J., Le Monde moins l’Europe, 1948, p. 21 et ID, Les Continents, 1973, p. 33)

En ce qui concerne le mode de vie et la psychologie du «noir», on trouve dans les manuels des affirmations qui pourraient faire sourire si elles n’étaient pas destinées à être mémorisées et enseignées.

«Le chef de famille abandonne aux femmes et aux esclaves domestiques les travaux de culture tandis que lui se réserve les deux plaisirs de la chasse et de la pêche (1909) (E. STEENACKERS, Le Congo belge, Bruxelles 1909, p.24)

Le nègre passe des heures et des journées à fainéanter, discuter bagatelles, danser, chanter. Il ne s’occupe guère des travaux agricoles laissant ces travaux aux femmes sauf dans les régions soumises à l’influence européenne ou arabe (1925) ( A. JACQUEMIN, La Belgique et le Congo belge, 1925, p. 179)

Le Bantou de la forêt a un caractère sombre, agressif, méfiant…Les nègres ne manquent pas d’intelligence quand il s’agit de comprendre et d’observer leur intérêt; mais l’esprit créateur et la faculté d’abstraction leur font totalement défaut… Dans ce milieu hostile, le nègre est sournois, batailleur. Il n’a guère d’initiative, mais il possède beaucoup d’amour-propre et est doué d’un vrai sens de l’imitation» (J. TILMONT, La Belgique et le Congo, 1939, p. 261- 262 et L’Afrique et l’Asie, 1971, p. 82).

L’image du «nègre» (Racisme. Continent obscur. Clichés, stéréotypes, phantasmes à propos des noirs dans le royaume de Belgique, Coopération par l’Éducation et la Culture-Le Noir du Blanc/Wit over Zwart, 1991, p. 83-85) véhiculée par le colonisateur n’est pas moins discriminatoire. On le dit paresseux, aimant rire, naïf, enfantin, chapardeur ou encore hypocrite et rusé.

Aujourd’hui

La condamnation de l’ère coloniale n’est plus aujourd’hui scandaleuse. Guido Grijseels, directeur général du nouvel AfricaMuseum (Tervuren) déclarait en substance lors de l’inauguration du nouveau musée: «il était temps de tourner la page de la mission civilisatrice pour reconnaître que la colonisation fut d’abord une entreprise capitaliste accompagnée de violences et de victimes. Derrière les images idylliques de la construction d’écoles, des hôpitaux, des routes et chemins de fer la population du Congo a été exploitée, a subi l’oppression et le racisme d’un système colonial immoral».

J’aime à dire à celles et ceux qui disent que Léopold II a éradiqué l’esclavage des noirs par les Arabes, c’est d’une part pour pouvoir conserver ses terres et qu’il s’est alors servi, pour son profit, des esclaves « libérés » ! (Fabrice Salembier)

En guise de conclusion

Il serait bon aujourd’hui de regarder le passé colonial en face, tel qu’il fut avec ce qu’il eut de positif (?) et de négatif. Il faudrait aussi de la part des colonisateurs une reconnaissance de l’histoire, des cultures et civilisations africaines antérieures à la colonisation; cette reconnaissance est liée à une restitution du patrimoine africain acquis pendant la colonisation (y compris les ossements humains qu’il serait légitime de rendre à leurs descendant·e·s). Réhabiliter les civilisations africaines, congolaises en particulier, contribuera à combattre et à effacer l’image négative des noir·e·s véhiculée pendant la période coloniale. (Pol Delfosse, historien)

Conclusion que je partage, bien entendu.

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