Ode à mon grand-père
Il est parti vers d’autres cieux depuis un certain temps déjà et je me rends compte que jamais je n’ai écrit à son sujet. Je pense que c’est avant tout par pudeur, par crainte de toucher négativement les personnes qui n’ont pas eu cette chance. Je garde encore en moi une certaine pudeur mais l’envie d’en parler est devenue plus forte. Je ne m’en explique pas le moment, j’en comprends pourtant la force.
Le visage buriné par le temps, la vie avait fait son œuvre. Ses rides étaient autant de cernes à la manière des anneaux de croissance d’une souche fraîchement coupée.
Si le roseau ne rompt pas, on pouvait en dire de même pour lui. De plus il n’entendait pas non plus plier. Tel un chêne ou un baobab, selon l’endroit où JE me trouve, il avait atteint la sagesse, la rigueur, la plénitude.
J’en voulais pour preuve le regard qu’il vous portait lorsque vous lui adressiez la parole. Un regard apaisé, parfois dur, mais accompagné d’un sourire qui vous engageait à converser, à vous adresser à lui le plus simplement du monde.
Quel plaisir de le voir, de lui parler et parfois juste d’être à ses côtés pour contempler la nature.
Je l’imagine ici, au Bénin, assis sous un arbre, posé, les mains appuyées sur sa canne à la manière d’un chef de village, ce qu’il était en quelque sorte pour notre famille : un ciment.
Ce sont autant de partages j’ai eu la chance de vivre et qui seront ceux que je vivrai aussi en tant que tel. J’ose espérer être à leur hauteur. C’est en tout cas tout le mal que je me souhaite.