Je ne suis pas #philosophe. Ce n’est pas une tare, certes. Ne voyez dans ces quelques lignes qu’un sentiment, partagé ou pas, d’une situation. Que dis-je, d’une expérience de vie, d’une vie. La mienne. Parler de soi n’est pas des plus facile, parler des #autres n’est pas toujours bien perçu.
#Montaigne dans ses Essais (Des coches) souligne de bien belle manière la rencontre avec les sauvages, celles et ceux vivant dans la nature et non sauvage comme nous l’entendons aujourd’hui. « Que n’est tombée sous Alexandre ou sous ces anciens Grecs et Romains une si noble conquête, et une si grande mutation et altération de tant d’empires et de peuples sous des mains qui eussent doucement poli et défriché ce qu’il y avait de sauvage, et eussent conforté et promu les bonnes semences que nature y avait produites, mêlant non seulement à la culture des terres et ornement des villes les arts de l’Occident, dans la mesure où ils auraient été nécessaires, mais aussi mêlant les vertus occidentales aux vertus originelles du pays ! Quel progrès eut-ce été, et quelle évolution pour le monde entier, si les premiers exemples et actes présentés par les nôtres à ces peuples les avaient appelés à l’admiration et imitation de la vertu, et avaient dressé entre eux et nous une fraternelle société et compréhension ! Combien il eût été aisé de faire son profit d’âmes si neuves, si affamées d’apprentissage, ayant pour la plupart de si beaux commencements naturels. »
L’#Histoire nous a appris qu’il n’a point été suivi en la matière alors que nous ne cessons de lancer à qui veut l’entendre que se souvenir permet de ne plus commettre les mêmes erreurs.
Terres, identités, voyages, itinérance…
Identité
Lorsqu’il s’agit de parler d’identité, l’on se réfère souvent à un petit bout de papier mentionnant notre origine ; la terre ou plutôt le lopin de terre qui nous a vu naître et que l’on s’approprie erronément depuis trop longtemps. Le « nous sommes chez nous » reflète d’ailleurs bien une société malade. Cette carte d’identité, un code civil la régit d’ailleurs. Cette nationalité, on ne la choisit pas, c’est une filiation.
Pourtant, une autre identité existe. Si l’identité que je qualifierais de légale est fixe, immuable dans la plupart des cas, une autre l’est moins : l’identité personnelle, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est en perpétuelle évolution et se construit par des rencontres, des apprentissages et des choix que l’on pose. Elle est donc unique. Hélas, nous la mésestimons, préférant ainsi rester dans une espèce d’absence de volonté d’apprendre et d’évoluer grâce à l’Autre.
Itinérance
L’itinérance, dans sa conception actuelle, fait la part belle – excusez-moi des termes précités – à la problématique des sans-abris. Là n’est, bien entendu, pas mon propos. J’y vois davantage le voyage et la rencontre. Telle est ma définition du mot.
#Belge, d’identité légale, je me suis construit et me construis encore une identité personnelle à travers les rencontres et expériences vécues dans différentes parties du globe, principalement en #Afrique. Rien de bien exceptionnel, j’en suis conscient. Cependant, j’y ai emmagasiné un flot d’enseignements d’abord de manière bien inconsciente puis, l’âge aidant, de manière plus réfléchie.
S’imprégner d’autres #cultures, d’autres avis, d’autres comportements enrichit assurément l’Homme, j’en suis convaincu. Qui ne l’est pas d’ailleurs ? D’autres, illustres, l’ont découvert avant moi et écrit d’une bien belle manière. Nul besoin de voyager pour cela me direz-vous. Je ne peux que répondre par l’affirmative tout en y ajoutant que les choses sont parfois mieux comprises en étant sur le terrain. Parler d’une coutume, d’une vie est intéressant, la vivre est intensément mieux.
Alors oui, l’itinérance est une #richesse quand elle ne s’apparente pas à une fuite. Elle est un choix, un choix de l’identité personnelle.
Partir
« Partir, c’est mourir un peu. Écrire, c’est vivre davantage », nous dit le philosophe André Comte-Sponville. Au XIX° siècle, Alphonse Allais écrivait, quant à lui, l’aphorisme « Partir c’est mourir un peu, mais mourir c’est partir beaucoup ». Edmond Harancourt, poète, nous a laissé « Rondel de l’Adieu » dans lequel il écrit « Partir, c’est mourir un peu, c’est mourir à ce qu’on aime… ». « Partir pour mieux revenir » fut aussi dans une précédente mission le leitmotiv de jeunes dont j’avais à m’occuper.
Partir, c’est s’éloigner de personnes, de choses connues. Partir, c’est quitter un (in)confort, c’est aussi une prise de risque, une libération, une obligation… C’est tout un tas de choses pour un tas de raisons, aussi différentes soient-elles.
Pour ma part, j’aime à paraphraser un extrait de l’œuvre de Rodolphe Girard, « Marie Calumet » : « il y avait dans ce seul mot #partir un avenir plein de promesses… »
Si nous avons tous notre perception du #monde et que nous fonctionnons avec des valeurs et des besoins qui nous sont propres, nous avons également tous des opinions. Certaines choses nous semblent logiques et acquises. Cependant, il peut arriver que ces éléments logiques et acquis ne le soient pas dans le pays où vous partez vivre. Il est donc important d’éviter le jugement, il s’agit avant tout d’observer et parfois de prendre un certain recul. Personnellement, je dois avoir quelques gênes du caméléon étant donné que je me suis toujours adapté aux différentes situations qui se sont présentées à moi.
#Dépasser les frontières terrestres, sociales, d’identité légale, partir à la découverte de l’Autre me paraissent essentiels et amène parfois à une autre découverte de soi.
Une face cachée, une envie, demeurée silencieuse, qui vous explose aux yeux. Une découverte de soi qu’il est parfois difficile d’expliquer. Comme déjà énoncée lors de l’une ou l’autre interview, la passion de l’écriture découverte relativement tôt a pris une dimension bien plus réelle, bien plus ancrée dès mon arrivée sur le continent noir. Je ne m’explique pas le pourquoi, je me dis que ce continent est un lieu propice où la perpétuelle découverte d’autres cultures délie mon esprit et ma plume, que je prends sans doute un peu plus de temps pour moi parce que la vie s’y déroule AUTREment.
Moi
Dès le plus jeune âge, j’ai toujours eu ce sentiment profond d’avoir manqué d’un essentiel : rencontrer l’autre pour mieux le comprendre, rencontrer l’autre pour apprendre, rencontrer l’autre pour s’épanouir, grandir encore et encore.
L’itinérance a marqué mon identité. Pas la légale, mais l’essentielle, la personnelle. « Mon monde vient d’en trouver un autre ». Je suis avant tout un citoyen ayant la terre en héritage.
J’ai déposé mes valises sur cette #terre plus fertile, plus ouverte, plus riche en simplicité, en valeurs et je m’y intègre en mettant, plus souvent encore, au placard cet occidentalisme qui me semble un frein à mon développement nouveau. Faire place à une inclusion nécessaire à une meilleure compréhension. Ouvrir les yeux, ouvrir son esprit.
Je suis toujours en quête du #comment faire, du comment ; une véritable équation à plusieurs inconnues parce que, d’une part les relations de travail sont occidentales et d’autre part, certaines n’ont pas l’envie d’intégration. Étant donné que vivre en vase clos n’est pas ma tasse de thé, le courant ne passe pas toujours bien. Je parle même parfois, dans des moments peut être d’égarements de new colonialisme. Pourtant, comme le dit si joliment Mc Candless, « le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé ». Je retire du plaisir à entendre que je suis le plus africain des Belges. Cette découverte m’a aussi permis de remettre en question ma perception des valeurs au service d’un impérialisme économique.
Comprendre
Vous l’aurez compris, cette itinérance associée à une identité personnelle et à l’envie d’#intégration, si elle n’est pas toujours évidente, est bel et bien l’idée que je me fais d’une vie accomplie. Accomplie, mais pas terminée, j’ai encore beaucoup à apprendre. Alors oui, l’identité et l’itinérance sont, pour moi, les composantes d’un mariage heureux.