Le silence m’accompagne
Marguerite Yourcenar nous a écrit que le silence est fait de paroles que l’on n’a pas dites.
Personnellement, il m’accompagne. Je sens sa présence régulière à mes côtés : bienveillant à l’occasion, inquiétant en d’autres moments.
Dans mes écrits, il se présente sous la forme de points de suspension, de pages blanches parfois. Dans la vie en général, il est présent dans ma quête d’apaisement, dans les moments de doute, retranché que je suis alors dans ma bulle.
Un compagnon de fortune, un compagnon d’infortune.
Se taire dans toutes les langues a aussi parfois du bon : cela peut nous préserver de désagréments gratuits dus à une mauvaise compréhension de votre interlocuteur, non ?
Le silence est partout, c’est une évidence. Les mots ci-après me le confirment.
« Mais quand deux hommes s’entretiennent, il y a toujours un tiers présent : le silence ; il écoute. Ce qui donne de l’ampleur à la conversation, c’est que les paroles ne se meuvent pas dans l’espace étroit des interlocuteurs, mais qu’elles viennent de loin, de là où le silence écoute. » Max Picard, « Monde du silence » (1948)
Tu parles
Toi le bien pensant, tu parles, tu parles, tu parles à celles et ceux qui sont présents, mais vont-ils continuer à t’écouter en sachant que tes paroles ne se concrétisent jamais en actes ? Ne vont-ils pas se lasser de tes sempiternelles promesses ? La probabilité d’une réponse affirmative est grande et, à force de poursuivre tes litanies, tu te décrédibilises, tu en deviens un bavard impénitent.
Ou ne serais-tu alors qu’une personne verbomotrice, qui aime s’écouter parler ? Dans ce cas, je te conseille un meilleur public, il ne te décevra pas et sera toujours à ton écoute. Ce public se nomme miroir. Son silence, prends-le comme une approbation. Il ne t’interrompra pas, ne sourira pas, ne se moquera pas.
Les paroles s’envolent, les écrits/actes restent.