C’est le mien, sans doute pas le vôtre. Il n’est pas pire ni meilleur. On n’en est plus là. Je le commence et commente dès aujourd’hui.
La peste était à nos portes, nous l’avons laissé entrer. « Simba, simba, Mulele maï, Mulele maï », criait-il pensant que les « balles » allaient se transformer en gouttes d’eau en touchant son torse.
La décision est tombée suite à l’arrivée de passagers arrivés de Kinshasa hier : le Covid-19 est entré à Lubumbashi. Dès ce lundi et sans doute ce mardi également, seules l’armée et la police circuleront dans Lubumbashi. On annonce de fortes sanctions en cas de manquement. Il y va de la santé de tous. Santé déjà défaillante chez bon nombre de Congolais pour des raisons que nous connaissons tous, mais qu’on préfère ignorer. Quoi que les riches n’étant plus à l’abri, il n’est pas impossible que les choses puissent changer. Funeste espoir ?
Injures, commentaires et craintes légitimes fusent sur les réseaux sociaux. « Il » est là, à quoi bon fustiger les uns et les autres. Faisons preuve de solidarité, d’union. Il y va de vies humaines, celles qu’on a parfois, souvent, sacrifiées en d’autres temps. L’évolution de l’Homme, parlons-en. Ou plutôt non, n’en parlons pas. Inutile d’enfoncer le clou du cercueil planétaire.
On m’a demandé de donner des travaux à mes élèves. Je dois bien avouer que je n’ai pas la tête à corriger. Ils n’ont certainement pas la tête à les faire. Mais bon… Soit. No comment.
Quelques jours auparavant, il nous a été signalé que le centre de la ville n’était accessible qu’aux porteurs d’un masque. L’achat de masque se faisant au centre-ville, je me suis demandé comment j’allais pouvoir réaliser l’exploit d’entrer sans lui dans une zone l’exigeant pour en… acheter un.
Certains opérateurs spéculant sur le prix de denrées essentielles se sont vus confisquer leurs produits. On ne sait où ils sont passés d’ailleurs. Les contrôles s’accentuent. On aurait aimé que ces derniers puissent être plus sérieux à l’aéroport.
Cela fait aussi plusieurs jours que Vodacom me suce les mégas achetés à prix d’or. On se demande bien pourquoi… Là n’est pas le plus important quoiqu’en période de confinement, c’est le seul moyen de rester en contact avec la planète même si celle-ci part en couilles.
J’en viens à penser à la phrase de Lévi-Strauss, dans Tristes Tropiques : « aucune société n’est foncièrement bonne, mais aucune n’est absolument mauvaise ». J’aimerais tant y croire, surtout pour la seconde partie.
Mon corps, à défaut de cœur, balance entre le jardin, la cuisine et le salon. Le café est redevenu le sauveur. Quant à ma petite femme qui a vécu tant de choses auparavant dans son pays, elle tente aussi de passer le temps. Car oui, le temps passe. Nous verrons ce qu’il nous dira demain.
« Les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont » – Nietzsche